Je suis rentrée à Abidjan. J'écris de la maison sur ce vieux divan qui me connait tant! Il y a pas mal de poussière mais .. bof! C'est chez moi. Quand la voiture s'est garée avec mes 4 valises et deux autres sacs, tous les gardiens du quartier ont “fait mouvement” vers moi. Ils étaient tous heureux. Je connais le sourire jaune du vieux Mamoudou, édénté! Il y en a qui ne voulaient pas attendre que je monte avant de commencer leur histoire. “Ah madame, on eu chaud ehh”. “Vraiment c'était dure, dure même”.
Dès mon aéroport d'embarquement, la sécurité nous a demandé les carnets de vaccination. “Nous avons reçu un courrier d'Abidjan faisant savoir qu'avant d'embarquer, il faudra se mûnir de son certificat de vaccination”. Je savais qu'on contrôlait à la déscente à l'aéroport mais là.. c'est nouveau. Je ressens un peu de fierté. Alors on m'a contrôlé. Je ne sais pas si c'est pour cholera ou c'est pour la fievre jaune.
Fin d'enregistrement. Je sens mes intérieurs trembler.. ce genre de “frisson-fièvre-félicité” qui s'emparait de moi quand j'avais 8 à 15 ans.. quand il s'agissait d'aller en colonnie de vacances. C'était un genre d'enthousiasme, mêlé de joie, d'attente des aventures, avec une pincée de soulagement “d'avoir à partir d'un endroit que j'aimais moins à un autre que j'aimais plus”. Au Duty Free, j'achete un gros paquet de chocolat blanc de Toblorone. Pas question de ne pas fêter ça!
Attérisage à Abidjan. Comme tout bon abidjanais, j'allume mon portable, et je contrôle mon crédit restant. Ouais, le roaming, ça coute cher. Tout va bien. Je sors de ma classe affaire presqu'en courant. Dans ma tête, ça disait “il faut que je respire, il faut que je respire”! Car chaque ville a son air. L'air d'Abidjan, c'est unique. C'est pas aussi sec que l'air d'Accra. Il y a moins d'agression dans l'air d'Abidjan que l'air de Lagos. C'est plus accueillant que l'air parisien. Je sais.. pas. C'est la lagune, la verdure et l'humidite tout melangé!
Il y a le premier contrôle. Des passports CEDEAO (Communauté économique des états de l'Afrique de l'ouest) n'ont pas de problème. On descend, et il y a le contôle de la “fameuse” carte jeune de vaccination. En suite, l'immigration. Je constate que certaines choses ont changé. Il y a des girdons pour permettre aux beaucoup plus d'arrivants de faire un rang organisé. Certains “vieux” visages sont là. Je constate un changement dans le comportement des officiers. Plus de respect. Je leur donne “Assez bien”.
Baggages prit, je me dirige vers les douaniers. On m'interpelle. Il s'agit de l'imprimante. La dame me demande d'aller à leur bureau. J'obeis. Une dame officier se trouve là. Elle contrôle chaque valise. Se rassure, et me demande de partir. Dans ma tête j'attendais une certaine “donc tu as envoyé quoi pour nous?”. Cette question n'est pas arrivée. Un jeune m'aide à refaire les valises, les remonter dans les chariots. Je lui offre un baton de Toblerone. Quand je fais ça.. ce que je suis contente du service rendu! Je note les douaniers “très bien”
Je change un billet de 50$. Je reçois 23000 Francs CFA. Mon ancien “client” est toujours là. Je tourne, et voici le vieux! Cela fait au moins 5 ans que ce vieux aux cheveaux gris est devenu mon ami. Il m'accueille avec une chaleur.. à fondre le coeur. Je lui demande de trouver un taxi qui a un gros coffre. Mais il a pris une minute pour me raconter comment il a eu à vivre la guerre. “C'était pas facile ma fille.. mais Dieu est grand”. J'achete une carte de recharge.. pour Internet. En ce moment je respirais déjà Abidjan plein les poumons! Ils sont là! La foule qui vient accueiller! Debout, regards à 360 dégrees attendant leur biens aimés. Ils sont là! Le bramôgos djosseurs. Ceux qui se débrouillent à l'aéroport comme le vieux; le type qui me change des devises, celui qui vend les cartes.. tout le monde est là! Je note 'RAS – rien à signaler'.
Les taxis étaient aussi là.. avec les mêmes airs des vautours autour d'un animal mourant. Ils se bagarrent encore a cause des clients. Ils surfacturent toujours. Mais celui sur lequel je suis tombée est vraiment d'une race à part. La voiture était dans un était piteux. Le chauffeur sale, vraiment sale. Le corps, l'habille et chaussures. L'haleine, je vous epargne sa déscription. Normallement j'aurais du commencer une conversation avec lui.. mais l'odeur..
Comment se fait il que ces gens qui sont les premiers à recevoir les arrivants une fois hors de l'aéroport ne sont pas controlés? Pourquoi ne sont ils pas en uniforme? Pourquoi n'afficheons nous pas les tariffs? Comment se fait-il qu'un chauffeur me demande de lui payer 15000 Francs CFA pour une course de l'aéroport à la commune de Cocody? Si on me “mange” comme ça, qu'en est il de ceux qui arrivent à Abidjan pour la première fois, qui ne savent pas exactement où se trouve leur destination? Comment demande t-on une personne de sortir d'un avion, de classe affaire, pour ne pas trouver un taxi climatisé? Pour combien de temps durera ce traumatisme? A qui incombe le travail? A qui devrais-je m'addresser?
Bon, on engage la route. Je constate que les éléphants sont partis, détruits. J'avais appris que les gars du carrefour Akwaaba étaient parti aussi, mais je voulais vérifier de mes propres yeux.. tellement j'en avais marre de ce point de contrôle. Oui, ils sont partis. De l'aéroport jusqu'à chez moi, je n'ai pas vu un barrage. Pas un seul. Au niveau de Café de Versaille, j'ai vu un groupe des hommes en tenue. C'est marqué FRCI. Franchement, je n'ai pas un bon souvenir d'un groupe de militaire.. donc moins je les voir.. mieux ça vaut pour moi.
C'était quoi même le titre de ce blog? Bon je voulais juste m'intéroger.. me demander si Abidjan est de retour? Je crois qu'elle y arrive. Je constate que les efforts y sont consenti. Je vois ce peuple qui ne veut pas baisser les bras.. on y arrivera. J'y crois.
Il faut tout de même garder les yeux ouverts. Il y a certaines choses où on doit aller doucement pour bien les refaire.. mais il y a d'autres qu'il faut faire “en bris”. L'union c'est en douceur.. mais la discipline et le travail.. ceux là, on doit y aller d'une manière résolue.
Demain je vais tourner. Comme on dit à Abidjan, “je vais mettre Abidjan sur ma tête”. Il faut que mon corps, mon esprit, mon ame, mes pensées, mon imagination, mes sensations, ma peau, mes rognons.. sachent qu'ils sont à Abidjan. Il y a aussi des coins qui me doivent certains services. Le coin de choukouya, le coin de poulet et poisson piqué, les allocodromes.. mon aestheticienne, mon couturier, mon église.. SOCOCE, Prima, Orca.. vraiment.. ils sont “foule”
Dès mon reveil, je vais me chausser et me tapper mon itinéraire de footing habituel. Au retour je vais faire une pause chez la burkinabé chez qui j'achete mon gombo, tomate, oignon et poisson magne! Je prendrais mon temps pour saluer les enfants.. ceux à qui je dois des bonbons depuis des mois. Je vais m'assurer que mes voisins sont tous là..
Je vais reprendre ma vie!